AS APPEARED IN LES ECHOS ON 4 APRIL, 2020
Après Altice et KPN, le portugais NOS cède ses activités de grossiste de minutes de communication et de SMS à l’international à Tofane, qui consolide sa position de numéro trois mondial.
Et de cinq. Après le groupe Altice (plus précisément le français SFR, le portugais MEO et Altice Doninicana) puis le néerlandais KPN en 2018, c’est au tour du portugais NOS de céder sa filiale spécialisée dans l’achat et la vente de minutes de voix à l’international à Tofane.
Le français renforce sa force de frappe. Depuis sa création en 2017 par Alexandre Pébereau – ancien patron des réseaux internationaux d’Orange–, la jeune pousse est devenue le premier acteur indépendant du marché avec plus de 30 milliards de minutes de trafic voix transportées et le troisième mondial derrière Vodafone (45 milliards de minutes), Tata Communications (35 milliards) et juste devant Orange. Tofane a ainsi atteint le milliard de dollars de recettes. En récupérant les 2 milliards de minutes de trafic voix de NOS et ses 141 millions d’euros de chiffre d’affaires, le petit groupe spécialisé monte encore en puissance.
Si l’externalisation séduit certains opérateurs, c’est que la capacité de négociation d’un grossiste indépendant comme Tofane permet de faire baisser les prix. Par ailleurs, acheter et vendre des connexions interopérateurs à l’international est une activité qui brouille la lecture des investisseurs, car elle est beaucoup moins rentable, que le business traditionnel des opérateurs – moins de 5 % de marge d’Ebitda, selon Tofane, contre plus de 30 % dans les télécoms en général – et très irrégulière, avec des pics à Noël, pour la Fête des mères ou le ramadan.
Enfin, la valeur des appels internationaux décroît structurellement. Ce que Tofane intègre dans ses calculs. Le cash généré par la voix est investi dans le développement des services mobiles plus lucratifs, comme les SMS à l’international, les objets connectés ou l’identification des usagers en roaming. Autant d’activités qui représentent déjà un tiers de sa marge brute, avec des taux de croissance de 10 à 15 % par an. « Notre modele est bien 1equilibre sur le plan financier », assure Alexandre Pébereau. Si le montant de la transaction avec NOS n’a pas été communiqué, le patron de Tofane précise ne pas avoir eu recours à la dette bancaire et avoir les moyens de consolider son secteur si d’autres opérateurs se décidaient à vendre. « Nous avons tenu notre business plan. Nos investisseurs comme notre pool bancaire sont prêts à nous accompagner pour d’autres acquisitions. » – S. Dum.